Jour 136 - ئۈرۈمچى (Chine)
Publié le 7 Juillet 2013
Semaine a oublier, vide, vite vidés que nous fumes. La pire depuis le debut du voyage. On peut parler, sans peur de se tromper, d'une attaque bactériologique d'une rare férocité. Les preuves sont irréfutables, accablantes. Combien de victimes ? Quatre officiellement recensées, un couple d'amis français et nous deux, évidemment. Malheureusement. L'attentat, non revendique, s'est produit sur le marche de nuit de Kashgar. Était-ce l'une de ces surprenantes salades mixant vermicelle et légumes fluorescents ? Ces audacieuses soupes épicées aux matières flottantes non identifiées ? Une brochette de viande avariée ?
Nous ne le saurons jamais. Mais le mal est entré (meilleur ennemi) et nous restâmes trois jours sur le flanc, tremblotants comme ces moutons derrière l'étal du boucher. Faibles et fiévreux comme ces chiens-poubelles agonisant sous les ponts. Cloues au lit par la chaleur du Xinjiang et une bien sournoise affection. En fait, tout juste assez lucides pour atteindre les box humides et sombres du rez-de-chaussée avec une régularité de métronome, sous les regards compatissants mais gênés des hôtes de la guest house en train de souper.
Du coup, exit la Karakorum highway et tout un pan de notre programme de balades dans la région. Il a fallu se soigner, s'antibiotiquer, se reposer, se requinquer. Se réconcilier avec sa machine a digérer. C'est chose faite. Et après 26 heures de train et de noodles synthétiques, nous voila arrives a Urumchi ("belle prairie" en mongol). Une ville de 2,3 millions d'habitants ou le dernier âne ouïghour transportant des pastèques a du trépasser l'an dernier, écrasé par un convoi de 4x4 chinois. Une megalopole ou les flics sont plus nombreux que les barbus et les fast food ont l'air d'avoir davantage d'adeptes que les mosquées. Entre nous et l'Asie central : la silhouette des monts Célestes au Nord ; le désert du Taklamakan au Sud. Et au milieu, des tas de mets appétissants et varies proposes sur les étals des marchands ambulants. Alors ? On va d'abord se tenter un KFC.
Les troupes chinoises sont deployees de partout ces temps-ci. A priori, ils ont trouve Mao et ce ne n'est pas nous qu'ils cherchent.
Tiens, un truc encore un peu vieux dans le centre-ville (a l'heure ou j'ecris ces lignes, ces batiments sont probablement deja detruits)