Jour 91 - Андижон (Ouzbekistan)

Ciao les gars. Pour nous l'Ouzbekistan s'arrête ici, a Andijan. Une ville a l'extrême Est du pays surtout connue pour l'insurrection de ses habitants contre le gouvernement, il y a huit ans. L'émeute avait ete réprimée dans le sang sous d'obscures prétextes de fondamentalisme religieux. Mais l'histoire ne dit pas que cette vallée du Ferghana, région la plus densement peuplée d'Asie centrale, est aussi une terre hospitalière pour les voyageurs en transit vers le Kirghizstan, que nous atteindrons demain. L'occasion de rendre la pareille a ces Ouzbeks qui nous ont accueillis et aides trois semaines durant a grand renfort d'indications, d'invitations a la maison, de chaleureuses poignées de main et d'accolades, et de brosser leurs contours en quelques phrases d'amour. Car qui aime bien...

Ainsi l'Ouzbek aime :

- aborder les étrangers, partout, tout le temps

- dire "Atkouda ?" (d'où viens-tu) et s'exclamer "Parisss...ohhhh ! Ibrahimovic !"

- se corriger ensuite en disant "Marseillllle...ohhhhhh ! Cinéma ! Taxi !"

- évoquer aussi Napoléon, Patricia Kaas, Alizee ou Zidane, évidemment

- dire "Hello, good morning, do you speak english" dans la meme phrase et tracer son chemin en rigolant

- se lever pour laisser sa place a un Aksakal ("barbe blanche") dans le bus ou le metro

- les fontaines aux couleurs kitsch, sonorisees avec de la techno, autour desquelles ils se réunissent chaque soir pour se prendre en photo ou seulement admirer le rythme erratique des jets d'eau. Les fondements de la poesie en fait

- vous serrer la main, solennel et souriant, avec l'autre sur le coeur, comme si Allah vous avait directement envoyé dans leur pays

- boire du thé, beaucoup de thé a moitie allonge dans leur chaikhana et vous offrir du thé, beaucoup de thé a moitie allonge dans leur chaikhana

- manger des petites boules blanches au fromage aigre et sale, ou des graines de tournesol, ou des brochettes ("chachlick") toute la journée

- compter et re-compter son argent, partout, tout le temps

- se mettre accroupi sur un trottoir et regarder passer les taxis. Pas ceux du film, les autres

- ne surtout pas se laver les pieds, c'est sans doute signe de bonne santé

- conduire une petite charrette tirée par un âne et rouler avec, a contresens, sur l'autoroute

- mettre le sigle Mercedes a l'avant de leur Lada. La classe centre-asiatique, quoi

- balayer devant leur porte et jeter leurs ordures dans le caniveau

- prendre du Nos, sorte de puissant tabac qu'ils laissent fondre sous la langue avant de se mettre a le cracher frénétiquement

- cracher frénétiquement, sans avoir pris de Nos

- le poil aux pattes, surtout chez les femmes

- doubler les étrangers dans les files d'attente en faisant semblant de ne pas les avoir remarques

- que les étrangers viennent visiter leur pays. Et ça tombe bien, car nous aussi, on a adore le visiter.